Le soixantième.
Sera-t-il rugissant?
Peut-être.
Ou peut-être pas.
Vous naviguez sur une mer apaisée. Nouveau matelot d'une fière coquille de noix. Mousse au bachi encore immaculé.
La capitaine, responsable après Dieu de cette frégate qui vogue au gré des humeurs, vient de vous expliquer les règles du bord. La plus importante: ici pas de vagues à lame. Point trop de tempêtes. La goélette des croqueurs prend le vent, droit devant.
HISSEZ-HAUT!
Vous avez visité la cale. Pas de drapeau noir. Pas de trésors.
Pas de bois d'ébène. Surtout.
Mais un coffre qui se remplit au fil des mots, qui livre parfois ses perles, inattendues. Eclatantes.
Un battement d'ailes de goéland, un nuage qui se découpe dans les cieux azurs, une pêche miraculeuse, ces petits riens qui sont tout. Voilà ce qui est précieux.
Point de rongeurs sur cet esquif, vous, le renard y veillerez.
Ni de corde, tout le monde le sait.
Celle pour vous pendre est restée à terre. Pour longtemps. Abandonnée près de vos démons, brûlée aux flammes de votre renaissance.
"Moussaillon, à toi le quart!"
Vous voici dans le grand bain.
Vous écoutez le vent, entendez, au loin, Arthur qui vous motive, sentez la chaleur de l'astre nouveau, appréciez la lumière de vos Joyaux. Pour eux pas de coffres, ni de gardes, pas de cartes pour les atteindre, ils sont votre coeur et votre esprit, toujours là. Vos guides.
Une mouette, rieuse, se pose sur le bastingage.
La civilisation n'est donc pas loin, ce navire amiral, que des corsaires pillent chaque jour d'avantage, que les officiers abandonnent lâchement, attirés par des paradis, pourtant voués à la destruction.
Eric le rouge, en son temps capitaine, appelle bien à la révolte mais le paquebot France n'est pas le Bounty et les îles désertes se font rares.
Alors ce voyage entamé est-il une fuite?
Une errance tout au plus.