La Gaule.
Ce matin sans doute ou peut-être ce soir vos Joyaux vont ouvrir leur premier tiroir, leur première cache à friandises. Tradition oblige.
Comme ils vous manquent!
Comme vous êtes heureux de les savoir protéger dans leur écrin armoricain, qui fait face à la mer, au sein duquel vous les verrez grandir. Si loin. Si proches.
L'Autre sera leur amazone vénète, guerrière dévouée à leur cause. Princesse paladine. Sans peur.
Sans reproche?
Vous chassez cette interrogation d'un coup d'avertisseur sonore, votre ami policier emploie ce terme très "professionnel" plutôt que klaxon dont l'indécence ressort même dans l'orthographe, en réponse à une queue de poisson très indigeste.
La France entame le douzième mois de la onzième année du troisième millénaire et, comme tous les ans, elle découvre avec stupéfaction, presque horreur, qu'il neige en hiver.
Record absolu de froid pour le dernier jour de novembre. Trente centimètres de poudreuse dans la région rhodanienne. Au pays de Lug!
Alors la vie s'arrête: pas d'écoles, pas de transports, pas d'électricité, pas de chauffage, plus de morts!
A Condate, les autorités demandent aux citoyens celtes de baisser leur consommation de courant. Vous êtes priés de vous chauffer cet été!
Pourtant avec les outils météorologiques modernes tout est prévu depuis plusieurs jours.
Et puis l'hiver arrive. Inéluctablement.
Non?
Incapables. Vous ne trouvez aucun autre mot. Si, irresponsables, hors du temps, aveugles...
Le rictus qui barre votre visage a la jaunisse. Encore hier, quelqu'un, un écologiste fumeur et automobiliste, vous faisait un grand discours sur le réchauffement climatique.
-15,7°C à Orléans.
Un pauvre homme, peut-être grand-père, meurt de froid.
Vous n'y comprenez plus rien. Vous pensiez qu'il n'y avait plus de saisons!
Pauvre ignorant.
Pendant ce temps, le monde poursuit la lutte. C'est tout de même plus important que quelques camions bloqués sur les autoroutes.
La journée mondiale contre le sida.
Elle aussi, comme l'hiver, revient tous les ans.
Imparable.
Malheureusement.