L'ordre.

Publié le par La nonyme.

genere-miniature.aspxLa police n'est jamais là quand on a besoin d'elle!

En fait, non, vous pensez plutôt, au moment où l'agent vous fait signe de vous garer, qu'elle est souvent là où on ne l'attend pas.

Un coup de téléphone urgent. Un feu qui verdit. Des klaxons. Ca s'est passé si vite!

"Bonjour Monsieur. Police Nationale. Veuillez couper le moteur et me présenter les papiers afférant à la conduite et à la circulation du véhicule. Permis de conduire, Carte Grise et Attestation d'assurance. S'il vous plaît."

Le ton est ferme, poli. Trop peut-être. Ce "bleu"-là va être difficile à convaincre. Vous ne vous rendrez pas sans lutter.

Comme tous les honnêtes citoyens, vous tremblez en cherchant les documents demandés. Malgré tout, il vous faut commencer les négociations.

Vous tendez votre triptyque rose.

"Pardonnez-moi. Je sais que c'est idiot mais c'était mon patron..." Votre front rosit sous l'effet de ce premier mensonge, "... Déjà que je suis arrivé en retard ce matin..." Deuxième mensonge."... Soyez sympa, je ne recommencerai plus!" Troisième mensonge, le plus trivial et enfantin. Inadmissible.

Ce type n'a encore pas ouvert la bouche que déjà vous lui avez balancé trois inepties. La honte vous assaille. Vous baissez pavillon. Et la tête.

"Vous savez pourquoi je vous contrôle, monsieur?" Il n'attend pas la réponse tant elle est évidente. La lumière de votre téléphone, jeté entre vos cuisses, peut témoigner de la réalité de la faute. "Vous téléphoniez en conduisant! Je vais vous verbaliser pour ces faits, conformément à l'article 412-6-1 du Code de la route. Vous serez en devoir de payer une amende de deuxième classe et vous êtes susceptible de perdre 2 points sur votre permis de conduire! Je vais vous demander de patienter quelques minutes, le temps que je vous dresse la contravention."

Il vous salue. Et retourne en direction de sa voiture garée un peu plus loin.

Rien à dire. Il a été parfait.

Vous souhaiteriez être en colère mais il vous a coupé l'herbe sous le pied, sans en rajouter. Juste par professionnalisme. Vous l'observez. Il est assis sur le siège avant du véhicule de patrouille. Calme. Sans animosité à votre égard. Sans plaisir non plus. Il est loin de l'image que vous vous faisiez d'un "flic". Quelle image au fait? Celle des bavures, des violences injustifiées? Bien-sûr. Celle des médias. Ces journaux télévisés ou écrits qui se font les relais, à juste titre, du moindre dérapage, occultant, par la même, les millions d'interventions, comme celle que vous subissez en ce moment, qui se passe dans une sérénité mêlée de respect.

Derrière l'uniforme se trouve sans doute un homme bien, un père de famille juste et un mari fidèle. Il aura fallu ce contrôle routier pour que vous vous en rendiez compte.

Il sort et s'approche.

Une femme, qui accompagne son fils à l'école, s'arrête à sa hauteur, se penche vers l'enfant et lui dit des mots qui resteront à jamais gravés dans votre esprit. Symboles de l'intolérance. Inadmissibles.

"Tu vois. Si tu ne travailles pas bien à l'école, tu feras comme le monsieur quand tu seras grand!"

Et de repartir comme si de rien n'était.

L'action n'a duré que quelques secondes. Ni le policier, ni vous n'avez réagi. Par impuissance. La bêtise, parfois, vous désarme. Cette fois-ci vous vous en voulez.

"Au revoir Monsieur. Bonne route et soyez prudent."

Vous repartez.

Vous songez à la scène irréelle qui vient de se dérouler devant vos yeux. Comment peut-on dire ça à un enfant? Pourquoi abaisser un homme de cette manière? Indigne. Infâme.

Un passage d'un discours de Brice Hortefeux vous revient en mémoire. Vous l'aviez entendu hier et trouvé, à chaud, un peu trop partisan. Vous doutez de votre opinion désormais. Il n'y a que les imbéciles...

"En agissant chaque jour, chaque nuit, avec compétence, courage et sens de l'honneur, les policiers et les gendarmes sont les garants de nos vies, de nos biens et de nos institutions."

Vos enfants feront le métier qu'ils auront choisi , vous les aiderez à atteindre leurs objectifs mais vous serez fier si, un jour, l'un d'entre eux vous dit qu'il sera un "flic".

Publié dans La terre.

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