La désillusion.

Vous vous êtes levé avec une idée en tête: reprendre des études!

Faire sciences-po, un autre de vos rêves.

Devant la cafetière qui écoule son liquide odorant, vous pestez contre ces écoles ouvertes à tous mais fermées à beaucoup.

Car, dans le monde merveilleux des fermetures de classes, des diplômes bradés, de l'apprentissage dévoyé et des filières sans-issue, à l'heure où la jeunesse désespère de pouvoir faire "le plus beau métier du monde" (20 000 places en IUFM en 2000, 7 000 aujourd'hui), les grandes écoles, les études "prestigieuses" sont sélectives, extrêmement.

Tant mieux pensez-vous!

Pauvre naïf.

Les quelques places réservées par respect pour le concept, cher au Président, de la "ségrégation positive" qui sont les arbrisseaux qui masquent la forêt amazonienne, vous ont trompé.

Pour vous en convaincre, sitôt arrivé au bureau, vous allez faire un tour sur le site (commercial?) de "sciences-po" Paris.

Le mot du Directeur vous rassure, vous flatte l'ego. Il y parle de meilleure université du monde et de chute des clivages, d'égalité, de partage. Des mots, mieux des symboles, forts et tellement porteurs d'espoir... 

"... un modèle alternatif d'université sélective reposant sur trois piliers: l'excellence de la formation et de la recherche, l'égalité des chances dans le recrutement et la qualité des conditions d'études des élèves..."

Il vient de vous convaincre. Cette école vous apprendra des valeurs républicaines, humaines, vous apportera les clés pour fermer des fenêtres, ouvrir des portes, améliorer les conditions de vie de vos compagnons humains d'infortune.

Sciences-po est la chance de votre vie!

Votre Graal.

Vous surfez plusieurs minutes, excité à l'idée d'y être, galvanisé par la fierté bien prétentieuse d'y parvenir.

Puis, c'est le drame.

Les frais d'inscription!

Pour une formation continue diplômante en "communication" par exemple...

Pratiquement un an de salaire.

Vous vous déconnectez.

Vous venez de comprendre ce que Monsieur le Directeur appelle une "université sélective" et "l'égalité des chances dans le recrutement".

Merci à lui