L'honneur.

Publié le par La nonyme.

Banlieue.jpgVous doublez la file de voitures.

Encore une station essence prise d'assaut par des travailleurs bientôt en vacances et inquiets de leur avenir d'automobilistes.

"C'est la pénurie!"

Comme Pierre criant "au loup", depuis le temps que tous, médias et hommes politiques compris, la préparent, elle va bien finir par devenir une réalité.

Vous n'êtes ni sociologue, ni syndicaliste mais vous avez quelques neurones qui fonctionnent et ce drôle de petit bruit, à l'arrière du crâne, à l'endroit où le doute, parfois s'installe, s'entretient et parfois vous perturbe pour de bon!

Le Gouvernement serait-il passé en force si le conflit n'avait pas atteint le sacro-saint "carburant"?

Pas si sûr.

Dans cette société moderne, sans concession, un employé moyen, avant même de penser à la retraite, doit habiter de plus en plus loin de son lieu de travail, pour un salaire de plus en plus serré, parfois l'employeur conditionne son embauche à une obligation de "mobilité".


Il ouvre ses grands yeux et regarde sa banlieue

Le chômage à son âge, ne le rend pas heureux


Mais surtout, ce week-end ce sont les vacances de la Toussaint qui commencent alors, il vaut mieux que les lycéens s'éloignent de la capitale durant dix jours plutôt qu'ils soient bloqués, avec leurs parents, à se morfondre, à descendre dans la rue, à affronter la Police, ces vilains condés, toujours près à en découdre.

 

Cet horizon de tours qui l'entoure, l'asphyxie

Son univers est lourd, passent les jours, et l'ennui


Pour leur faciliter le voyage, l'ensemble des stations autoroutières, là où l'essence est la plus chère, là où faire le plein rapporte le plus à l'Etat qui a beaucoup dépenser en important du gazole, sont approvisionnées.

Allez fleurir les tombes de vos aïeux en toute quiétude!

Alors que vous quittez le périphérique, que vous pénétrez dans ce territoire sauvage et inconnu qu'est la banlieue, un chanteur d'ancienne France, qui fut de vos amis, la chantait très bien, au siècle précédent, vous vous demandez ce que vous ferez ce 2 novembre.

Rien.

 

La Police guette, ses parents s'inquiètent, comme dans un roman

Regarde c'est ton enfant


Enfin si, vous irez au bureau comme tous les matins, vous parlerez avec vos collègues de cette tradition catholique qui honore les fidèles défunts mais c'est à peu près tout.

Karim vous le dirait: "Ce n'est qu'un jeu."

Elle et Lui, eux, vont tous les ans, au pays de l'Homme, transmettre une pensée odorante et colorée à ces anciens qui vous ont quitté.  Leur dire qu'ils pensent à eux, les remercier pour ce qu'ils ont fait, ou pas fait.

Lorsque vous étiez plus jeune, vous aimiez les accompagner, adoriez que l'ont vous remémore le culte que vous vouait Grande-Lui, qui était la bonté incarnée, fière que la famille se perpétue, que le nom qu'elle porte depuis son alliance sacrée perdure. Vous étiez l'héritier.

De quoi?

De qui?

Peu vous importait, à l'époque. Vous vous laissiez seulement envahir par cette vague de tristesse qui vous noyait le coeur, par l'image de cette ancêtre que finalement vous ne connaissiez que par une photo, très réussie, un portrait vissé sur une plaque.

D'ailleurs n'était-ce pas plutôt la honte de ne pas avoir de souvenir qui vous rendait mélancolique?

Depuis combien de temps n'avez-vous pas eu une pensée pour cette femme qui a guidé vos premiers pas?

Dans l'ascenseur, désert, vous ne trouvez aucun réconfort.

Vivement que le soleil se lève!

Vous êtes vivant. 

Publié dans La terre.

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