L'imaginaire.

Publié le par La nonyme.

imaginaire.jpgVous adoreriez que vos Perles aient de l'imagination.

Qu'ils réussissent là où vous vous échouez!

Etre artiste!

Bien au chaud, couvés par une Autre à l'esprit cartésien, pratique et sans faille, ils pourraient faire prendre corps à tous vos rêves, aux leurs. Au monde. 

A l'instar des antiques aèdes, armés de leur seul phorminx, qu'ils racontent du bonheur avec des mots, avec leurs sens. Qu'ils comprennent le monde et qu'ils le décrivent aux autres pour qu'enfin la sérénité revienne.

Qu'ils rejoignent les Immortels.

Ce n'est pas un voeu. Même pas une prière.

Juste une envie.

 

L'autre jour, je me promenais. J'arpentais mes havres de paix. Noirs. Puis gris. Et enfin irisés, multicolores et capiteux.

Sombres étaient mes pensées lorsqu'elle m'apparut.

La forêt mordorée.

Elle était pareille à celle de mes rêves: accueillante, apaisante, aux feuillages luminescents. Les arbres millénaires captaient la lumière du soleil, enfermaient sa chaleur et brillaient de mille feux.

Chaque feuille était un miroir qui colorisait les âmes, inspirait les hommes, racontait le monde. Chaque nervure était une histoire. Une vie.

Mes pas me conduisirent toujours plus profondément, au coeur même de cette cathédrale végétale. Je n'étais plus moi-même. Je marchais près d'un corps qui n'était pas le mien et pourtant me ressemblait. Il avait le visage triste et mélancolique. Ses yeux pleuraient des torrents de larmes qui inondaient l'humus duquel jaillissaient une multitutde de fleurs anthracites. Malgré la mélopée du vent qu'accompagnait le chant des elfes, cette ombre poursuivait son chemin tortueux, insipide et unicolore vers une destinée au tein blafard.

Son voyage aurait pu durer des siècles, sans un obstacle, sans quelque chose à raconter si ce n'est le désespoir, l'écoeurement, la douleur et l'affliction. Le désenchantement. Celui d'être Soi.

Mais le pouvoir des êtres de la forêt est tel que je le vis s'arrêter. Net. Il ne pleurait plus. La morosité de ses traits disparut d'un coup pour devenir une étoile filante. Il la retrouvera lorsqu'il observera le ciel. Alors il fera un voeu qui se réalisera afin qu'il garde son sourire. 

Il se mit à divaguer, à serpenter entre les arbres, à sautiller dans les bruyères, à siffloter tout en remerciant chaque arbre de sa présence. Il volait, ne laissait aucune trace mais un bouquet de pensées colorées à chaque contact avec le terreau moussu, qui s'égayait à chaque pas. 

Le chemin qu'il laissait ne suivait aucun guide, n'avait aucune limite, ni aucune frontière. Il pouvait être suivi par n'importe quelle belle âme. Par tous ceux qui, fermant les yeux, apercevaient là bas, au loin, leur arbre, celui qui les rattachait à la terre. Leur ancre.

Lorsqu'il parvint près du sien, Arthur, il s'arrêta. Ses yeux reflétaient l'immensité du chemin à parcourir encore. 

Alors il me tendit la main.

Je le rejoignis. Pour toujours.

 

Vous regardez votre montre: bientôt huit heures. Les premiers promeneurs ne vont pas tarder, rompant le charme.

Vous refermez votre esprit. Pour un temps.

Vous avez tracé la route. Celle des larmes.

Rubis, Saphir et Diamant pourront emprunter la leur. 

Vous la leur souhaitez longue et chatoyante.

C'est votre héritage. 

Publié dans L'air.

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